GNAFRON
Le "Grand" Duc de Parfay... Parfaitement grotesque,
Excité comme un pou.
GUIGNOL
Eh, Mon Dieu, presque, presque...
Dis un pou à genoux !
PARFAY (C’est un nain)
Je te le dis pour la dernière fois :
L’orchestre doit jouer l’hymne National
A l’arrivée de la Reine et du Roy :
Que sonnent bien le cor et les timbales !
Puis à l’entrée de notre Prince Jour,
Le Grand Air du Général des Armées.
Enfin, surtout, ma valse Est-ce bien de l’Amour ?
Quand il invitera la personne à danser.
Que l’orchestre joue lentement :
Ce n’est pas une gigue ;
C’est le doux rêve d’un moment
Un songe qui navigue...
GUIGNOL
"Un songe qui navigue..."
Aimes-tu, toi, Gnafron, "est-ce bien de l’Amour" ?
GNAFRON
Oui, mais je fais toujours
La même question : Est-ce bien...de la musique ?
PARFAY
Allez, messieurs, allez !
On vous sait fort jaloux
De mes vers inspirés
Et de mes airs, surtout !
GUIGNOL
Oh, jaloux de ses airs !
Tu en es jaloux toi ?
GNAFRON
Jaloux de ses grands airs ?...
Sont trop petits pour moi.
PARFAY
Eh, baste, messieurs les bouffons !
C’est la cour et non moi, que vous devez distraire,
Car l’ennui a touché son fond
D’attendre trop longtemps nos rois retardataires
GUIGNOL
Distraire ? Nous pourrions leur dire de vos Fables,
Ce sont de jolis meubles...
GNAFRON
Ah, Guignol veux-tu donc, ce n’est pas raisonnable
Que le bal se dépeuple ?
PARFAY
Vous pourriez, dieu me damne
Sans forcer vos talents
Leur dire mes Deux Ânes
Sur un ton excellent.
GUIGNOL
Les Deux Ânes, ah oui, c’est vrai qu’elle est touchante :
On sent qu’il y a mis son âme tout entière.
GNAFRON
Au point que j’ai trouvé un titre qui m’enchante :
Les Deux Ânes... tons !
GUIGNOL
Ah !
GNAFRON
Oui, j’en suis assez fier.
(Ils sortent en riant)
PARFAY
Peste soit de ces pestes !
Eh mais voici encor de nouveaux arrivants !
Ah, quel retard funeste
Qui m’oblige, c’est sûr, à tout faire céans !
(il sort)