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La cuisine.
Une grande cheminée.
Premier plan jardin, croisée donnant sur le parc.
Lumière matinale par les fenêtres.
Premier plan cour, porte d’un débarras.
Second plan jardin, porte de la chambre de sieur Thibault
Second plan cour, porte donnant sur le salon.
Musique douce, chant des oiseaux puis du coq.

Gaillarde

Scène I CENDRILLON, puis SIEUR THIBAULT

CENDRILLON
Automne ! Un jour pareil aux autres jours commence ! (JPG)
Ah, pauvre Cendrillon, fait-il jour aujourd’hui,
Quand ta mère est partie laissant ta triste enfance
Se poursuivre sans fin dans une longue nuit ?
Maman ! Si tu savais ce qui se passe ici ;
Que j’ai plus de travail qu’une pauvre servante,
Et que je suis à la merci
De cette femme si méchante !
Hélas, si tu étais vivante !...
Mais à quoi bon se plaindre ainsi...
Dans le parc, sur ta tombe un arbre j’ai planté.
Depuis lors, chaque jour de mes pleurs arrosé
Il a grandi, grandi ainsi que la rancune
Qui toujours plus emplit mon corps.
Sous son épais feuillage étendue je m’endors
Et en rêve te vois descendre de la Lune...

(Une sonnette retentit)

Et la cloche déjà sonne mon infortune :
Du travail encor et encor !

SIEUR THIBAULT
Bonjour petite Cendrillon. (JPG)
Eh bien donc ? Qu’est-ce qui se passe ?
Viens-çà, que ton père t’embrasse ;
Il ne faut pas pleurer, voyons !
As-tu bien préparé le déjeuner ?
C’est vrai que tu peux bien un peu traîner :
Nous sommes les plus matinaux !
Et le thé de ma femme est-il sur le fourneau ?

CENDRILLON
Oui, oui.

SIEUR THIBAULT
Quoi, encore des pleurs ;
Tu n’es donc pas heureuse avec ton petit père ?

CENDRILLON
Si...

SIEUR THIBAULT
Allons, c’est ce que j’espère.
Alors pourquoi cette douleur ?
Tu penses à ta mère, hé ? Je devine un peu ?...

CENDRILLON
Ah, chut ! Si l’on vous entendait

SIEUR THIBAULT
Chut, chut ! tu as raison, c’est vrai.
Et puis c’est notre secret à tous deux.
Mais nous parlons, je parle et je t’empêche
De travailler quand il faut que tu te dépêches.
Je vais voir si ton arbre a encore grandi.
Allez, viens avec moi, viens.
L’air frais te fera grand bien.

CENDRILLON
Oui !

SIEUR THIBAULT
Nous sommes des bandits !...

(Ils sortent)




"Cendrillon" de Jean-Baptiste Fronty est un texte déposé © FRONTY - Contact